Voulue par les actuels présidents des agglomérations de Thionville et du Val de Fensch, la fusion des deux collectivités ne convainc pas tout le monde. Des militants de gauche ont écrit une lettre ouverte, qu’ils relayent auprès des citoyens, pour expliquer les raisons de leur désaccord.

Tout n’est pas encore joué mais le projet avance : les agglomérations Portes de France-Thionville et Val de Fensch ont pour ambition de fusionner au 1er janvier 2026, pour former une « méga-agglo » de 23 communes et 160.000 habitants : elle deviendrait la deuxième agglomération de Moselle, après l’Eurométropole de Metz. Si l’accord de principe a été voté par les deux assemblées en juin dernier, et a reçu un premier avis favorable du préfet de la Moselle, les conseils municipaux de chaque commune doivent maintenant entériner la décision, avant le 31 octobre.
Et c’est à ces 540 élus que s’adressent les opposants à cette fusion : plusieurs personnalités, élus ou militants de gauche, issus de multiples formations (France Insoumise, Parti Socialiste, Parti Communiste, CGT, Parti Ouvrier Indépendant et Démocratique) ont rédigé une lettre ouverte, leur demandant de se prononcer contre le projet, lors des votes en conseil municipal. Et ils invitent les habitants et citoyens à faire de même, en signant cette lettre (à consulter sur le site Change). Ils étaient présents ce jeudi matin sur le marché d’Hayange, avant d’autres rendez-vous prévus ces prochaines semaines sur d’autres marchés du territoire.
Moins de services publics ?…
Selon eux, une telle fusion engendrerait des hausses d’impôts, une gestion moins efficace de l’eau ou des déchets, ou encore des mutualisations, donc moins de services publics. « Ce sont les propos qu’on a recueillis ce matin : on nous a déjà tout enlevé, alors que va-t-il nous rester ?« , indique Anne-Catherine Levecque, du POID. « On le voit bien avec les bus Citéline : beaucoup de quartiers comme le Konacker, Bellevue ou Saint-Nicolas-en-Forêt sont bien moins desservis« . Et le projet de bus à haut niveau de service Citézen ne sera pas plus attractif pour la vallée de la Fensch, selon Gilles Wobedo, élu d’opposition à Hayange : « Le nouveau schéma de transport a été réalisé au service de Thionville, mais ce sont les impôts des habitants de la Fensch qui ont été augmentés pour financer ces travaux qui ne bénéficient pas aux communes du Val de Fensch« .
Les opposants regrettent surtout que les habitants des 23 communes concernées n’aient pas été consultés : « Depuis que ce projet a été lancé, on demande un référendum pour mesurer l’adhésion ou le rejet des citoyens à ce projet. Les deux agglomérations ont toujours refusé« , selon Gilles Wobedo.
… ou une gestion plus efficace ?
Pierre Cuny et Michel Liebgott, les actuels présidents d’agglomération de Thionville et de la Fensch, assurent au contraire que cette fusion permettra des projets plus ambitieux et des prises de décision bien plus rapides.
Reste la question du siège de la future communauté d’agglomération… Celui de Thionville-Portes de France doit déménager de quelques centaines de mètres à Yutz, dans les anciens locaux de la CCI qu’il faut réhabiliter, afin d’accueillir la future collectivité. Alors que le siège de la CAVF, qui a coûté plusieurs millions d’euros, avait été inauguré à Hayange, dans l’ancien château de Wendel, il y a moins de dix ans, en 2015.
Fusion Val de Fensch – Thionville : ils n’en veulent pas !
Publié le 31 août 2023 sur le site lasemaine.fr par Marine Prodhon
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Des élus opposés au « mariage » des deux communautés d’agglomération ne perdent pas espoir…
L’élargissement du périmètre était voté par une large majorité d’élus au sein des conseils d’agglomération de Portes de France-Thionville et du Val de Fensch le 22 juin dernier. S’ensuivait le dépôt d’une demande officielle d’arrêté du périmètre auprès du préfet de la Moselle, Laurent Touvet. Pour autant, la fusion entre les deux collectivités n’est pas encore actée. Les prochains mois vont être déterminants puisque les conseillers municipaux devront se prononcer sur ce projet dans chaque commune concernée. La fusion sera seulement confirmée si 50 % de la population représentant deux tiers des villes ou 50 % des villes représentant deux tiers de la population se prononcent en faveur de cette union.
Lettre ouverte
L’étape du vote dans les communes est donc cruciale et les élus opposés à cette initiative (principalement sur le Val de Fensch) en sont bien conscients. Depuis lundi 27 août, ils ont distribué « 541 courriers […] dans toutes les mairies du territoire », rappelant à l’ensemble des élus que « leur responsabilité individuelle est engagée dans ce vote lourd de conséquences pour la proximité, la démocratie locale, la fiscalité ou encore l’accès aux services publics, la mobilité, la gestion des énergies et des déchets ». Cette lettre ouverte a également pris la forme d’une pétition en ligne sur change.org et a pour l’heure récolté une cinquantaine de signatures.