Publié le 23 mai 2023 sur le site lenouvelliste.ch par Olivier Rausis
Les résultats du sondage effectué auprès de la population de Bovernier ont été dévoilés. La démarche va se poursuivre avec, en filigrane, la problématique de la fusion.
Sans s’opposer formellement à l’idée d’une fusion, les Bovernions sont très attachés à leur commune où il fait bon y vivre.
Attendus, les résultats du sondage effectué auprès de la population de Bovernier ont été présentés lundi soir, en marge de l’assemblée primaire consacrée aux comptes 2022. S’ils sont riches d’enseignements, ils confirment surtout que les autorités communales avaient bien senti le pouls de leurs administrés.
Si la question d’une fusion était posée, les Bovernions se montrent partagés entre se rapprocher du Grand Entremont ou de Martigny. © www.bovernier.ch
Lors du lancement du sondage, le président Marcel Gay avait en effet affirmé qu’il était impossible de dire, au cas où il faudrait voter sur un projet de fusion, de quel côté se tournerait la majorité des Bovernions. Le résultat lui a donné raison puisque à la question de savoir vers quel territoire ils préfèrent se rapprocher, le résultat est pour le moins partagé avec 105 personnes pour l’Entremont et 109 pour Martigny.
Un taux de réponse élevé
S’il est, médiatiquement, le plus intéressant, le thème de la fusion ne représentait toutefois qu’une brève partie du questionnaire proposé à la population. Les explications d’Alexandre Luyet, coordinateur du bureau Fuzio, qui a supervisé l’ensemble de l’opération: «Il s’agissait d’une première prise de température auprès de la population, avec de nombreuses questions concernant leurs besoins et leurs attentes. Dans ce sens, il n’y a pas de surprise, si ce n’est le taux élevé de réponses, ce qui rend la démarche d’autant plus utile pour les autorités.»
Toute la population, dès l’âge de 16 ans, a été invitée à répondre au sondage. Au final, 260 questionnaires ont été entièrement remplis et analysés par le bureau Fuzio. En résumé, la population est très attachée à sa commune, où elle estime qu’il fait bon vivre et où les autorités font un travail très satisfaisant.
«Les principales attentes concernent les services de base, comme l’eau et l’électricité, mais également l’amélioration des transports publics, des aides pour les familles et des structures pour la petite enfance (nurserie). Parmi les craintes exprimées, on citera la diminution du nombre d’établissements publics et de commerces de proximité, ainsi que des taxes fiscales trop élevées», détaille Alexandre Luyet.
Indécision sur la fusion
Concernant le sujet de la fusion, le sondage a démontré que les Bovernions demeuraient encore circonspects. Dans le détail, 39% de ceux qui ont répondu sont favorables à l’idée d’une fusion, 22% défavorables et 20% encore indécis.
Au niveau d’un éventuel rapprochement, le résultat est tout aussi indécis avec 41,3% pour l’Entremont et 42,9% pour Martigny. A noter toutefois que les préférences varient selon les tranches d’âge, les 20-50 ans penchant pour l’Entremont, et les plus de 50 ans pour Martigny.
Sur le fond, les Bovernions ne sont pas opposés à l’idée d’une fusion, mais ils attendent désormais des propositions concrètes de la part des autorités.Alexandre Luyet, coordinateur du bureau Fuzio
Enfin, l’indécision est toujours de mise pour une éventuelle poursuite du processus de fusion avec 36% d’avis favorables, 29% d’avis défavorables et 35% de sans-avis. «Sur le fond, les Bovernions ne sont pas opposés à l’idée de la fusion, mais ils attendent désormais des propositions concrètes et la position des autorités à ce sujet», conclut Alexandre Luyet.
«Nous mettrons sur pied, en automne, des ateliers participatifs citoyens»
Trois questions à…
Marcel Gay, président de la commune de Bovernier

Quels enseignements tirez-vous de ce sondage?
C’était une première étape dans la réflexion que nous souhaitons mener pour l’avenir de notre commune. Il s’avère que nos concitoyens sont très impliqués, les résultats se révèlent ainsi très intéressants. Désormais, nous allons travailler autour de questions centrales liées à la satisfaction des Bovernions par rapport aux prestations de la commune, à leur amélioration et au mode de gouvernance à adopter pour gagner en efficacité.
Etes-vous surpris par les résultats?
Pas spécialement, ce sondage se révélant plutôt positif pour l’administration en place. Concernant une éventuelle fusion, nous nous attendions à un résultat aussi serré, qui signifie peut-être que les Bovernions préfèrent le statu quo. A titre personnel, je relève l’excellente ambiance dans laquelle tout cela se déroule. Les enjeux sont très importants, mais tout le monde apporte sa pierre à l’édifice dans le respect et la sérénité. Le Conseil s’engage d’ailleurs à poursuivre la réflexion en laissant encore et toujours la priorité aux habitants de notre commune.
Concrètement, qu’allez-vous faire de ce sondage?
Pour la suite du processus, deux démarches vont être mises en place. Les élus et le personnel de l’administration vont aussi être soumis, durant l’été, au feu des questions par le biais d’un sondage ad hoc. Nous mettrons ensuite sur pied, en automne, des ateliers participatifs citoyens pour affiner les résultats des deux sondages. Enfin, un nouveau point de situation sera présenté lors de l’assemblée primaire de fin d’année.
Le commentaire de fusionite.ch
Comment en vient-on à instiller l’idée de fusion dans la population d’une commune? L’article du Nouvelliste présente ici une illustration typique d’un aspect de la stratégie rampante à l’oeuvre pour susciter une fusion de communes: dans cet exemple, la population de Bovernier est invitée innocemment par ses autorités (bien conseillée par des consultants déjà à l’oeuvre) à répondre à un sondage. Plutôt que d’aborder de front les problèmes éventuels ou (peut-être) réels qui se présentent à la commune, de les exposer et ENSUITE d’envisager LES solutions qui pourraient être envisagées, les citoyens sont immédiatement dans le bain: on a évité de débattre en profondeur de ce qui ne va pas dans la commune et qui nécessiterait d’imaginer des solutions, et on passe directement à la question de savoir « avec qui fusionner ? », sautant à pieds joints au-dessus de la question centrale du « pourquoi fusionner ? ». Et la réponse à la question du journaliste « qu’allez-vous faire de ce sondage? » est déjà dans les tuyaux: Prochaine étape, une étude de faisabilité… Qu’est-ce qu’on parie ? Avec qui ? Peu importe: tant qu’on fusionne…. |