Parmi les qualités des prestations communales qu’on souhaite préserver – car on sait que les gens y sont attachés – on cite d’abord volontiers la proximité, ce qui est déjà fondamentalement en contradiction avec une extension de la commune par la fusion. C’est une question de définition. Mathématiquement, le rayon d’un cercle est plus grand que celui d’un cercle plus petit. CQFD.
Mais encore :
C’est le fait que « tout le monde se connaisse ». C’est l’aspect sans complication de la prise de contact des uns avec les autres. C’est la simplicité de la mise en œuvre de la solidarité locale et des prestations à la population.
Evidemment, cette simplicité demande une attitude souple et peu exigeante dans les formes que devraient revêtir les services à la population que les cantons cherchent justement à rigidifier, à uniformiser.
Cette proximité, si valorisée par le citoyen, est bien sûr convoquée par les projets de fusions aussi. Mais comment peut-on prétendre garder une proximité dont l’échelon communal est justement la garantie. En étendant le territoire, on perd mathématiquement de la proximité. Et les tenants des fusions en sont conscients, l’anonymat des citoyen(ne)s s’accroît avec l’augmentation de la population.
Les services de proximité, un véritable trésor, seront perdus alors que notre population vieillit. Les personnes âgées devront faire des kilomètres, alors qu’elles sont les moins mobiles. Quant à la promesse faite de temps à autre de fournir des prestations à domicile pour ces personnes, elle alimente le catalogue anémique des arguments lors des séances de présentation, mais elle disparaît aussi rapidement qu’elle est apparue. Il serait intéressant de voir s’il se trouve une commune fusionnée où cette prestation a été introduite et maintenue. Le renvoi à des guichets Internet est du même acabit, s’adressant aux personnes les moins aptes à les maîtriser.
Et s’ils sont maintenus, surtout dans la période transitoire, combien de temps dureront les guichets locaux ? Avec quelles compétences ? Avec quel matériel ? Quels moyens ? Voir ce qui se passe progressivement avec les agences des banques Raiffeisen et la Poste.
Avec des gestionnaires et des administratifs professionnels qui n’auront jamais exercé un autre travail, on peut douter que cette proximité soit au rendez-vous.
Quelques exemples de pertes au niveau des services de proximité :
· administration communale, obligation de se déplacer au « chef lieu ».
· écoles, regroupement probable des écoles primaires et fermeture de classes, en particulier dans les petites localités, coûts de transports en sus, difficultés organisationnelles pour les parents aussi, repas hors domicile … Problème: un seul cercle, d’où accélération des concentrations.
· idem pour les déchetteries
· idem pour les services hivernaux : qualité amoindrie du fait de l’étendue du territoire.
· etc.
L’administration des petites communes, gérant un espace plus petit, est justement plus apte à répondre aux besoins de la population en raison de la proximité des édiles avec leurs administrés.
Il est bien agréable de disposer d’un bureau communal à deux pas de chez soi, surtout si l’on n’est pas très mobile.
Les familles seront sensibles à la proximité des écoles, surtout pour les plus petits. Il y a effectivement des attentes fortes concernant l’offre en crèches et l’accueil parascolaire. Mais souvent les normes et les conditions drastiques les concernant obligent à se passer de solutions qui pourraient rester simples.
Il est rassurant de se dire que les membres des autorités locales se préoccupent du bien de chacun, et comprennent ses besoins parce qu’ils sont « du coin ». Ceci ne peut plus être le cas avec l’extension provoquée par la fusion.