On nous communique la lettre suivante ce 12 avril 2023
C’est à une très faible majorité que le Conseil général sédunois s’est prononcé en faveur d’une fusion avec la commune de Veysonnaz mardi soir. La campagne en vue de la votation du 18 juin est lancée. Il s’agit maintenant d’informer aux mieux les citoyens et de se poser les bonnes questions.
Méthode Coué
Le rapport d’experts (Compass) nous inonde de mots valises, le mot « synergie » apparait 27 fois dans l’étude opérationnelle de février 2023, « capitale suisse des alpes » 7 fois tout comme le mot « opportunité ». « Il s’agit de modeler les contours d’une nouvelle commune porteuse d’avenir et susceptible d’emporter l’adhésion d’une majorité de citoyens. ».
Derrière ce langage de marketing politique, somme toute assez vide, la méthode retenue et ses conclusions laissent toutefois de nombreuses questions essentielles sans réponse. Si pour certains le concept de « Sion capitale suisse des Alpes » (concept imaginé aussi par Compass il y a quelques années) fait plus penser à une partie de Monopoly géant qu’à une réflexion aboutie, l’algorithme de décision (sic) ne va sûrement pas les rassurer. D’autant plus que le résultat ne correspond pas à certaines recommandations issues de la méthodologie (toujours du même bureau Compass) présentée par le Canton lors de la soirée du 4 avril 2023 consacrée aux Etats généraux des communes. Une fusion devrait selon ces recommandations « épouser les périmètres des collaborations existantes », « favoriser la cohérence territoriale et la continuité du bâti et du territoire » ou « encore prendre en compte la plus ou moins grande propension des populations à vivre ensemble et partager une communauté de vie ».
Et si vous cherchez des réponses à des questions simples du type : « quels seront les conséquences de scolariser les enfants de Veysonnaz à Sion (vie sociale, transport, coûts…) ? », « Quelle place pour nos seniors ? », « quel avenir pour le territoire de Veysonnaz, avec une densité R2 qui passera à 9% » « quels impacts pour l’activité touristique dépendante des territoires voisins ? » etc… ne perdez pas de temps à lire ces beaux rapports. Vous ne trouverez aucune réponse. Vous y lirez des choses comme « La nouvelle commune conserve la ligne actuelle de Sion promouvant une organisation par quartier ou village des prestations de service à la population. Ainsi, la répartition spatiale (centralisation versus décentralisation) des lieux de production et de fourniture des prestations communales pour la nouvelle commune s’organise comme suit : décentralisation des prestations de type « front office », c’est-à-dire avec déplacements et/ou contacts fréquents avec les administrés (travaux publics, écoles, crèches et accueil de la petite enfance, etc.) et centralisation des prestations de type « back office », c’est-à-dire sans déplacements et/ou contacts fréquents avec les administrés (gestion des finances et des ressources humaines, service informatique, conduite administrative, soutiens divers, etc.). Les décisions en matière de centralisation ou de décentralisation des prestations se prennent au cas par cas. ».
Bref, dans cette partie de Monopoly géante, le citoyen (l’administré) est traité comme un client d’une grande banque. Grandes banques que les cabinets conseil connaissent très bien, au point d’user ici du même vocabulaire et des mêmes concepts, avec le succès que l’on connait.
Correspondance
On espère trouver quelques réponses à nos questions dans la correspondance intercommunales de Sion – Veysonnaz – Nendaz, correspondance mise en ligne sur le site de la commune de Veysonnaz. La lettre de la commune de Nendaz datée du 13 mars soulève malheureusement de nouvelles questions. Est-ce que les chiffres présentés dans les rapports de fusion sont exactes ? Tiennent-ils compte des investissements à venir ? Maintenant que Veysonnaz a trouvé un nouveau galant, Nendaz ne souhaite pas financer les noces de ses deux voisines et présente sa note sous la forme d’un tableau des investissements qui se chiffrent en millions.
Le contenu des deux derniers courriers est riche en information. On y comprend que Nendaz a courtisé Veysonnaz pendant longtemps. Elle laisse cependant la porte ouverte à toutes les collaborations, peu importe l’issue du scrutin.
La réponse du président de Sion est cinglante : « Si nous pouvons comprendre que la décision de l’assemblée primaire de Veysonnaz de privilégier une fusion avec Sion plutôt qu’avec Nendaz vous ait déçue au vu des nombreuses années de collaboration passées, nous déplorons votre immixtion dans la campagne de votation sur la fusion entre Sion et Veysonnaz. ». Plus loin, concernant les investissements, on peut lire : « Selon nos informations, aucune planification n’a été présentée à la commune de Veysonnaz à ce jour. Nous vous invitons donc à communiquer officiellement ces informations aux autorités communales de Veysonnaz. » Est-ce la bonne stratégie pour porter la mue de Sion en capitale suisse des Alpes? Ceux qui ont déjà joué au Monopoly savent qu’en fin de partie la bonne foi n’est pas toujours au rendez-vous.
Elle en pense quoi la gauche ?
Le vote du Conseil général de Sion, bien que serré, pose également la question de la position des partis de gauche de la capitale. Les figures sédunoises du PS et des Verts se montrent très discrètes sur cette question. Aucune prise de position sur le bilan carbone de cette fusion plaine-montagne (à faire en considérant l’augmentation des trajets « back office – front office »). Pas un mot sur la question des résidences secondaires et le risque de voir pousser les nouveaux projets comme des champignons sur le km2 de la commune de Veysonnaz. Ont-ils peur de se mettre à dos des électeurs avant les élections fédérales ? Le rôle centrale de la fondatrice des Verts, Marylène Volpi-Fournier, dans ce dossier les tétanise-t-il ? Rappelons qu’elle est en charge du tourisme et de la société de développement et qu’elle présidera certainement la future société anonyme touristique de Sion capitale suisse des Alpes qui aura pour mission de « mettre sur les rails cette nouvelle politique touristique en fédérant les différents acteurs de la branche » (Sion21 n°17).
Notre mission est donc bien de trouver les réponses à ces questions avant la votation du 18 juin, en refermant les mots valises, en laissant les émotions et le rancœurs de côté, en rangeant les concepts fumeux des cabinets conseil dans la belle boîte du Monopoly, à côté des immeubles, des faux-billets et des cartes « chance ». En faisant tout simplement preuve de bon sens.
Le comité Le Centre Sion