L’i m p o s i t i o n d’un modèle de société
Croissance à tout prix
Ce qui est petit est-il insignifiant ?
Il y a dans la société de croissance une aversion pour tout ce qui est « petit ». Tout ce qui est « petit » est appelé soit à disparaître ou du moins à être annexé, soit à devenir le plus grand possible. Il n’y a pas de statu quo qui n’ait de valeur. Plutôt qu’une recherche de solutions qui permettent aux petites communautés d’affronter les problèmes quotidiens en préservant leurs prérogatives locales, les attaques contre les « petites » communes, ne sont, sans doute, que la conséquence de la volonté d’imaginer plutôt des solutions pour réorganiser la société contemporaine sans abandonner réellement les principes sur lesquels elle repose : la croissance et la conception économique de sa gestion. On rapporte qu’Einstein disait que « Quand on a la tête en forme de marteau, on voit les problèmes sous forme de clous ! ». C’est malheureusement l’état d’esprit qui semble présider à l’obsession des fusions qui déferle sur la Suisse, et, par contagion semble-t-il, sur nos voisins aussi.
Outre la prétention très réelle, mentionnée en avant-propos, de certains de redessiner la structure du pays autour de quelques mégapoles, il est un constat datant déjà de plusieurs décennies qui montre une tendance des villes à aspirer ce qui les entoure dans leur expansion, à l’image des trous noirs de notre univers. En effet, on voit aujourd’hui des villes qui essayent de grandir en absorbant les communes voisines. C’est le cas par exemple de Lugano, de Bellinzone au Tessin ou encore de Lucerne qui prétend devenir la quatrième ville de Suisse[1]. Comme les communes autour de Lugano ayant fusionné avec la métropole tessinoise, Littau, par exemple, savait qu’elle aurait droit à une baisse de son taux d’impôt en épousant Lucerne, qui de son côté a besoin de terrains. Les citoyen(ne)s ne sont pas dupes : «Nous voulons rester indépendants et ne pas sacrifier nos zones de verdure aux besoins des citadins», expliquait Oskar Kaeslin, un ancien conseiller communal de Horw qui avait lancé un comité d’opposants. Cela n’a pas empêché sa commune d’être absorbée par Lucerne.
Qui dit « centres », dit « périphéries » et il est évident que dans les fusions, les villages ou anciennes communes appelés à devenir « pôle de développement » de leur nouvelle commune sont nettement moins nombreux que ceux formant leur périphérie. Le mode de développement actuel vise à la concentration, tirant sa substance de ce qui est extérieur et calquant la vie de la population sur celle de la méduse et de ses mouvements pendulaires, laissant finalement une bonne part de la population sur le carreau…
La nouvelle politique de l’aménagement du territoire va d’ailleurs dans le sens de ce paradigme: l’abandon de la périphérie au profit de la création de métropoles censée apporter salut économique et croissance. C’est donc la fin d’une conception du fédéralisme qui impose les mêmes prestations pour toutes les régions, même les plus reculées.
Aujourd’hui les politiques libérales ne font qu’aggraver le processus historique de concentration dans tous les domaines, dans la mesure où elles introduisent des logiques de concurrence qui enclenchent des phénomènes de vases communicants. La métropole est toujours plus congestionnée d’équipements et d’infrastructures qui envahissent les derniers espaces naturels, tandis que l’étalement urbain consacré à l’habitat fait tache d’huile dans toutes les directions. Ce modèle est emprunté à son tour par les chefs-lieux régionaux transformés en « pôles de développement » vers lesquels convergent ensuite toutes les grandes infrastructures de transport comme les autoroutes et les lignes ferroviaires. La richesse de ces pôles se mesure ensuite de nuit à l’intensité de leur dégagement lumineux. Et ce rêve s’étend malheureusement maintenant, à une échelle plus modeste, chez la plupart des élus des communes les plus reculées imaginant leurs petits villages projetés dans la lumière d’un développement économique exemplaire et envié.
Cette concentration affecte aussi les services qui ont tendances à être regroupés dans les pôles régionaux, toujours au nom d’une rationalité économique supposée, sans qu’on ne se préoccupe vraiment des coûts sociaux et écologiques engendrés. Les fusions de communes participent de ces décisions administratives qui orientent vers plus de concentration. Elles enclenchent des stratégies de hubs qui visent à centraliser géographiquement tous les équipements techniques d’une majorité de services aux collectivités. Certains de ces services étant même maintenant délocalisés à l’étranger pour des questions de coûts.
A leur tour, ces concentrations entraînent un étalement urbain dont la nouvelle LAT et sa volonté de densification renforcent le pouvoir d’aspiration démographique et de « désertification des arrière-pays ». Elles induisent surtout une modification de leur relation avec les usagers qui s’en trouve modifiée à cause des distances induites et de la nouvelle complexité technique de cette organisation dont la principale caractéristique est son opacité. Plus que jamais, notre environnement se décline selon un mode qui échappe au citoyen lambda (« Tapez 1 ; tapez 2 ») et ne fait que renforcer le pouvoir des ingénieurs. La gestion publique n’échappe pas à cette tendance et les fusions la renforcent encore !
Urbanisation de la société
Et les centres se mettent en place, tant dans la réalité que dans la terminologie de l’Office fédéral de la Statistique (OFS) :
Seuls 16% des Suisses vivent à la campagne. Le reste habite dans un espace urbain qui couvre 41% du territoire et forme deux bandes, de la vallée du Rhin saint-galloise à Bâle et de Genève à Berne. La population citadine aurait donc augmenté par rapport à 2000 (de 73% à 84%).
Mais cette évolution est liée à la nouvelle définition de l’Office fédéral de la statistique (OFS) présentée jeudi. Celle-ci englobe désormais deux nouvelles catégories de communes à caractère urbain mais situées hors des agglomérations. Pas moins de 324 communes auparavant considérées comme rurales accèdent à ce statut.
Les communes multi-orientées sont au nombre de 350 et comptent 576’000 habitants, soit 7% de la population résidante. On y retrouve Val-de-Ruz (NE), Saxon (VS) ou Guin (FR). Couvrant 9% du territoire, ces communes regroupent de nombreux pendulaires (au moins un tiers de la population active) qui font la navette avec les centres des agglomérations.
Payerne (VD), Morat (FR), Zermatt (VS), Porrentruy (JU) ou Aigle (VD) appartiennent désormais, avec 52 autres communes, aux centres hors agglomération. Englobant 4% de la population et 4% du territoire, ces espaces ont une forte densité de population et d’emploi. Ils ne se distinguent des agglomérations que par leur taille. Les 430 communes centres d’agglomération représentent quant à elles 12% du territoire, 59% de la population et 70% des emplois. Elles sont entourées de 669 communes de couronne, englobant 15% de la population et 17% du territoire.
Ensemble, ces deux dernières catégories forment les 49 agglomérations de Suisse. La plus grande est Zurich avec 1,28 millions d’habitants, suivie de Bâle (823’000 habitants) et Genève (819’000). Ces deux dernières, comme dix autres, sont largement transfrontalières[2].
Les fusions contribuent à la tendance à développer des centres de plus en plus urbanisés, sans âme et anonymes, confrontés progressivement aux problèmes des grandes cités : incivilités, insécurité, etc. Voulons-nous renforcer cette tendance?
Augmentation du risque sécuritaire
Un effet collatéral de cette tendance à la concentration urbaine réside dans l’augmentation du risque sécuritaire par la concentration démographique où la loi du plus fort est prompte à s’installer. Les sociologues de l’école de Chicago (années 1920) avaient montré la genèse de la problématique de l’insécurité urbaine, comme l’envers de la liberté, de la mobilité qu’offre l’anonymat de la société urbaine, par comparaison aux communautés rurales. On se déplace pour travailler, pour se distraire… On passe d’une sociabilité de voisinage à une sociabilité en réseaux, qui fait disparaître la traditionnelle vigilance communautaire propre au village ou au quartier (d’antan). N’est-ce pas la préparation d’un terrain de jeu pour la prédation et le renforcement des crises que nous connaissons déjà ?
Quelques constatations simples, datées mais pas obsolètes, illustrent ce propos :
- Plus une région est urbanisée, plus grand est le taux des délits contre la propriété
- Le criminel en milieu rural est un individualiste, il opère seul et son association avec d’autres a un caractère fortuit et occasionnel
- Étant donné l’hétérogénéité de la culture citadine, des sous-cultures délinquantes s’y forment et assurent la permanence de conduites criminelles
- Plus une région est urbanisée et plus grande est la densité de la population, plus nombreuses et diversifiées seront les sous-cultures déviantes ; celles-ci n’ont qu’une vie éphémère en milieu rural
- Certains types de criminels ne se retrouvent qu’en milieu hautement urbanisé : la pègre, les techniciens et les professionnels du crime exigent une organisation socioculturelle qui ne se rencontre pas dans les régions faiblement peuplées ne garantissant point un anonymat requis pour les opérations du monde interlope.[3]
Nous parlons bien de zones urbaines, et pas seulement des villes. En effet, au cours du dernier demi-siècle, les villes ont déversé une partie importante de leur population dans les banlieues, et les campagnes ont adopté, dans une large mesure, le genre de vie urbain. Seule la différence dans l’échelle à laquelle se posent les problèmes constitue le facteur principal de distinction.
Mais c’est bien en dessus de 10’000 habitants, qu’une commune acquiert un statut de ville, selon l’ancienne définition de la Confédération. A cette taille, dit-on, une commune a une dimension suffisante pour employer des spécialistes (juristes, urbanistes, techniciens, etc.). Est-ce le seuil à viser? Le seuil urbain?
Concentration, centralisation : la vision d’une pensée unique
D’ailleurs, écoutons un de ces spécialistes de « bon conseil »… :
« Fusion ? Quand on a les yeux de l’architecte ou de l’urbaniste, la question ne se pose même plus. […] Chacun en a fait l’expérience en passant d’une commune à l’autre sans même s’en rendre compte… Il ne fait donc aucun doute que le territoire est en avance sur la politique ! ».
C’est indubitablement le même manque de réflexion qui afflige cruellement la politique suiviste d’aujourd’hui et qui prête l’oreille à ce genre d’arguments. Car, à en croire cet intellectuel, c’est une expansion sans mesure, dont la nécessité échapperait à nos élus, qui montre la voie à suivre ! Elle montre en tout cas à quoi ressemblera notre environnement si « nous nous laissons fusionner » à tours de bras.
Alors que tous se rendent compte de l’évolution du contexte sociétal (démographie galopante et urbanisation, pendularité et mobilité automobile), personne ne se rend compte de la contribution significative que les fusions apportent à ce mouvement.
Alors que les ingrédients traditionnels de la stabilité sont le mélange, la diversité et la complexité, nos politiques optent résolument pour les attitudes inverses : concentration et uniformisation, tendances qui entretiennent l’idée d’un seul ordre et d’un seul modèle. Tout laisse croire cependant que, dans l’organisation sociale aussi, la diversité est un facteur de stabilité et la subtile complexité des environnements une condition de la liberté et du respect de chacun.
Les communes se caractérisent par leur diversité géographique, démographique, de superficie et socio-économique. Cette « bio-diversité » communale est aujourd’hui fortement remise en cause par des théoriciens qui estiment globalement qu’elles sont devenues obsolètes dans le contexte de la gestion publique du XXIe siècle. Selon eux, plus rien ne fonctionne correctement dans les communes suisses. Aidés en cela par les statisticiens et les économistes qui leur emboîtent le pas, ils aimeraient promouvoir une concentration rapide du quadrillage politico-administratif du territoire. Le Graal de cette réorganisation est exprimé par des intellectuels, Professeurs d’Université ou membres de sociétés économiques qui préconisent une métropolisation de la vie économico-politique suisse autour de 5 ou 6 mégapoles (Zürich, Bâle, Berne, Arc Lémanique, Arc jurasso-neuchâtelois, Arc alpin).
Les autorités se sont aussi alignées sur cette vue à terme, car elle favorise les finances des cantons en les soulageant d’un soutien trop important aux nombreuses petites communes locales et « améliorant » leur position concurrentielle par rapport aux autres régions.
Concentration urbaine, concentration du pouvoir, de l’information, du capital, de la production, de l’énergie, de l’action politique, notre époque déjà post-industrielle a consacré le règne du centre (urbain, administratif, industriel, commercial, récréatif, etc.) ou de la centrale (nucléaire, solaire, de distribution, d’achats, etc.), tout est concentré, tourné vers le centre, happé par le centre.
Les mégalopoles drainent les ressources environnantes. Rongeant l’espace autour d’elles, certaines apparaissent comme des enfers le jour et des coupe-gorge la nuit. Le moindre incident peut les paralyser : transports coagulés en gros bouchons, interruption des approvisionnements, pic de la grippe, etc.
Siège du pouvoir et de la consommation, elles se sont compartimentées en zones réservées au travail, à l’habitat et aux loisirs. Au centre, les quartiers cossus et les sociétés internationales, en périphérie les immeubles locatifs et les usines. L’entassement le plus visible est celui des individus eux-mêmes. Enfermé dans son appartement, dans sa voiture ou son bus, dans son bureau ou son atelier, le citadin passe sa vie de l’un à l’autre, solitaire, anonyme et perdu dans la foule.
Contrairement à ce que pourrait nous faire penser notre monde majoritairement urbanisé, l’homme est un être de petite communauté. Dès qu’on essaie de l’étendre, de faire « société », on crée très rapidement de grandes machines écrasant tout le monde et où tout le monde se perd de vue. C’est très curieux de voir comme on souffre de solitude dès qu’on est dans une grande ville, comme on s’ignore tout en se frottant les uns aux autres. La proximité devient promiscuité, la foule engendre l’isolement.
La rue, dernier terrain d’aventure et de communication, devient de plus en plus inhospitalière et dangereuse, livrée aux automobiles et aux publicitaires. Certains y descendent, à pied ou à vélo, pour y manifester leur trop plein de mécontentement, puis retournent à leurs activités. Le gris y chasse la verdure.
La concentration se conjugue au centralisme pour s’incarner dans l’Etat. La politique, qui n’a plus rien à voir avec la Politique, s’agglutine autour d’un amas de textes légaux et de règlements pour lesquels même les juristes s’en remettent à la « jurisprudence » tant leur interprétation est sujette à disputes. Tout se passe comme si les institutions de l’Etat absorbaient la société et tendaient à réduire la diversité de la population au statut unique d’administré, de contribuable, d’usager, d’électeur et, si ça se trouve, d’agent de l’Etat. Cette tendance à vouloir tout concentrer, tout enfler, pour « gagner du poids », pour « être plus efficace » se nourrit des fusions et le tout toujours avec les meilleures intentions du monde et la bénédiction de la population dans les urnes.
Un concept auto-alimenté
En effet, dans la réflexion sur les fusions de communes, certains citoyen(ne)s se disent qu’une fusion avec l’un ou l’autre voisin proche ne serait pas si dramatique, voire même pourrait peut-être se justifier, mais ils oublient que le processus de fusion est un processus qui se nourrit de lui-même. Chaque fusion doit être considérée comme une étape vers des fusions plus ambitieuses et plus vastes, abandonnant à chaque station un peu plus des prérogatives locales du citoyen. D’ailleurs, maintenant que les amarres sont larguées, les armateurs du bateau « fusions » ne s’en cachent même plus, au contraire cela galvanise leurs troupes et rassure ceux d’entre eux dont la fusion aurait échoué.
Ainsi, le Préfet de la Broye a bien mentionné lors de la séance de présentation de la fusion de Belmont-Broye (FR), qu’une fois celle-ci acquise, il faudrait s’attaquer à un autre projet plus vaste englobant la nouvelle commune fusionnée et celles la séparant du Lac de Neuchâtel. Les « fusionnettes » ne sont que des étapes vers ce qui méritera le nom, un jour, de « mégafusion ».
Toujours plus
L’objectif annoncé des projets de fusion est, principalement, de créer des pôles attractifs, principalement pour les entreprises, susceptibles de susciter de la croissance dans la région. Mais la concurrence des pôles nouvellement constitués ne fait que pousser vers de nouvelles fusions, car la compétition passe simplement au niveau supérieur. En éliminant le nombre d’entités au niveau inférieur, le débat et la concurrence se déplacent au niveau supérieur, qui à son tour se verra soumis à la pression de fusion avec ses voisins pour « survivre »…
Depuis peu, le débat sur les fusions ne porte plus exclusivement sur les communes, comme on le sait, mais gagne également les cantons eux-mêmes. Les propositions à ce sujet n’ont cependant pas encore suscité de vastes discussions dans le public. Mais, par ailleurs, certains s’y préparent déjà, et des échos ont déjà affleuré dans les médias : fusion de districts, fusions de cantons, fusion des Etats-Nations même, ce que tend à réaliser la « construction européenne » où, pour être efficace, tout le pouvoir est concentré au sommet de la pyramide : ceci n’est pas notre conception de la démocratie.
Ne perdons pas de vue que le but ultime (?), pour l’heure à peine esquissé, est le développement d’une Suisse axé sur 5 ou 6 mégapoles. Est-ce là le visage de la Suisse du futur que nous voulons ? Est-ce surtout la configuration la plus à même de nous assurer un avenir paisible et serein ?
Tout ce débat en cache un autre, beaucoup plus général, d’un choix de société : en fait c’est le choix à terme d’un monde urbain, dérégulé, métropolisé, hyper technologique, dirigé par un petit nombre de personnes, probablement non élues, simplement nommées, comme dans l’économie, jugées sur les « résultats ».
La diversité des crises que nous aurons à gérer dans les dizaines d’années à venir implique elle aussi une urgence dans la préparation d’une résilience dont devront faire preuve les communautés humaines à l’avenir. Pratiquer de manière quasi obsessionnelle une politique qui accentue toutes les concentrations ôte toute chance de renversement de la tendance pour envisager le futur sereinement.
La concentration visée par les fusions, même sur des centres plus petits, ayant comme conséquence directe la destruction irréversible du tissu existant et surtout de ses possibilités de transformation ou de régénération, relève bien de la même logique. Même si nous restions optimistes sur la volonté d’amélioration des conditions de vie des citoyen(ne)s par les projets de fusions, nous savons bien qu’il n’a jamais été possible ensuite de maîtriser les processus ainsi accélérés.
Small is beautiful
Ou alors, bien que ce ne soit pas directement le thème de cet ouvrage, on pourrait opposer à cette volonté de centralisation dont le mouvement de fusion est l’une des émanations, la démonstration du bienfait d’un mouvement inverse d’atomisation de nos grandes communes, et donc de nos villes aussi, en petites unités politiques et de vie, autonomes et, si ce n’est autosuffisantes, du moins résilientes.
Nous vous renvoyons pour le développement de cette vision à divers textes des partisans de la décroissance, dont nous partageons largement les vues, car ils nous semblent reprendre un questionnement de nos sociétés par le « bon bout de la lorgnette » à savoir, l’humain et la sobriété.
C’est la vision opposée à la croissance pour la croissance, c’est la vision d’un monde en transition vers une organisation de la société qui prenne en compte l’échelle humaine, qui traite la nature comme un capital, qui relègue les soucis marchands au second plan, qui mette en place une économie de la permanence, et finalement fasse une large place à la décentralisation et à l’autosuffisance.[4]
Cette conception nécessitant d’autres développements pour pouvoir être partagée en conscience, nous nous limiterons cependant à des considérations plus consensuelles, bien que tout aussi partisanes, pour continuer notre critique des fusions de communes dans le contexte de ce choix de société.
[1] « Les «oui» et les «non» aux fusions de communes » Swissinfo.ch 27.06.2007
[2] « 84% des Suisses vivent dans un espace urbain » Le Temps, 18 décembre 2014
[3] Vie urbaine et criminalité, Denis Szabo et Marc Leblanc, Presses de l’université, Laval , CA , 1968
[4] cf Small is beautiful E.F. Schumacher, Contretemps/Le Seuil, 1978