Publié dans La Liberté le 08.10.2021 Stéphane Sanchez
Le préfet veveysan François Genoud aspire à un nouveau mandat. Le tourisme sera une de ses priorités
Veveyse » Elu en 2016 et seul en lice le 7 novembre prochain, le préfet de la Veveyse François Genoud souhaite à nouveau présider aux destinées de son district. A 51 ans, cet ancien maître professionnel et ancien syndic de Granges se lance toujours sous les couleurs du Centre, mais assuré de recueillir le traditionnel score soviétique réservé aux préfets incontestés. Son bilan? Il le qualifie lui-même de «positif»: «La diversité des tâches est énorme. Il faut «switcher» d’un sujet à l’autre en maîtrisant les enjeux, et les tenants et aboutissants. C’est exigeant, mais toujours aussi intéressant», assure-t-il. Rétrospective et prospective.
Le verdict du sondage sur la grande fusion des communes de la Veveyse (52,1% de non) vous a coupé les ailes dès le début de la législature…
François Genoud: Non. Ce n’était effectivement pas le résultat que j’espérais. Mais le débat a débouché sur la création de l’Association des communes de la Veveyse (ACV), qui porte le plan directeur régional (PDR). Elle portera aussi les projets du district, avec une réelle capacité d’investissement. C’est donc une avancée et une satisfaction. Et je suis également satisfait du lancement du plan directeur régional et de l’intégration des homes dans le Réseau santé et social de la Veveyse, dont la gouvernance a été revue. Et j’ai une autre source de satisfaction: j’ai pu renforcer et restructurer la Préfecture de la Veveyse, notamment au niveau juridique. Nous sommes maintenant 3,7 EPT, et une équipe motivée et compétente.
Comptez-vous relancer le dossier de la fusion ou des fusions?
Non. La grande a été mise entre parenthèses, et de petites fusions n’apportent à mon sens aucune plus-value. Je pense qu’il faut maintenant travailler pour l’ACV. De petites fusions favoriseraient les rivalités entre le chef-lieu, la Haute-Veveyse et la Basse-Veveyse. Ce serait contre-productif. Mais si de petites communes veulent se réunir, je les accompagnerai.
Vous ne présidez pas l’ACV, futur bras armé de l’essor veveysan…
Je ne veux pas de cette présidence, et je l’ai dit dès le départ. Par contre, j’assiste à toutes les séances des associations de district, ACV comprise, avec voix consultative. J’apporte les inputs de l’Etat et mes impulsions. Je pense qu’on peut être un moteur sans assumer la présidence, et cela convient à tout le monde. Cela dit, je préside le CO et la RGV, et j’ai mené tout le volet stratégique concernant l’intégration des homes au Réseau santé et social de la Veveyse.
Les communes appellent à une planification des investissements de district. La préfecture va-t-elle s’y atteler?
C’est vrai, la Veveyse va payer près de 100 millions pour la STEP d’Ecublens, l’agrandissement du cycle d’orientation et des deux homes, et l’assainissement de l’ancien hôpital. Pour 19 000 habitants, ce n’est pas rien. Et je comprends l’inquiétude de certaines communes, qui ont déjà une fiscalité élevée. Mais la même configuration valait dans les années 1970, et les communes s’en sont sorties.
Par ailleurs, planifier ne se résume pas à parcourir les budgets des quatre associations de district (CO, réseau santé, ACV, Région Glâne-Veveyse), tâche que l’ACV pourrait conduire. C’est aussi un travail politique, qui nécessite d’arbitrer entre les projets de district et de fixer des priorités. Je ne veux pas être cet arbitre: c’est aux communes de le faire. A défaut, elles subiront l’agenda de ces associations. Si je voulais être cynique, je dirais qu’il fallait fusionner… Mais une commune en difficulté serait entendue, je pense.
Vous ne pilotez pas le plan directeur régional, pourtant crucial.
Je l’ai fait jusqu’à cette année, jusqu’à ma désignation à la présidence de la conférence des préfets et, partant, à la Cellule cantonale de coordination. Ce n’était dès lors plus possible. J’ai en effet délégué la présidence du PDR à André Droux, puis à Savio Michellod, les syndics successifs de Granges, tout à fait compétents. Et je fais toujours partie du comité de pilotage. C’est simple: je préfère déléguer ce dossier crucial, pour qu’il continue à avancer. Et je tiens aussi à accomplir toutes les autres missions de la préfecture – les permis, le pénal, la surveillance des communes, sécurité publique, etc.
A ce propos, les tensions passées dans les Exécutifs de Semsales et, plus récemment, d’Attalens, sont-elles des symptômes, selon vous?
Oui. Les élus restent moins longtemps, ils se découragent plus vite. Certains ne réalisent pas la charge de travail ou de stress que cela représente, ou déchantent devant la relative lenteur du système. Les échanges sont plus compliqués aussi, et la volonté de travailler ensemble s’estompe çà et là. C’est un souci, mais la majorité des élus fait très bien son travail.
Quel projet comptez-vous porter, désormais?
Le PDR: je veux que les communes s’entendent et se comprennent – elles s’aiment déjà. Je veux aussi renforcer l’ACV, avec des ressources humaines. Le tourisme sera sa priorité. La mienne aussi. Il faut que deux dossiers dont je suis convaincu aboutissent: le projet 4 saisons des Paccots et de Rathvel, ainsi que la Maison des Amériques – le musée sur l’émigration des Veveysans en Amérique. Pour cela, il faut une gouvernance de district, sans quoi les communes n’adhéreront pas.
Et la piscine intercommunale?
La loi scolaire impose des heures de natation que nous ne pouvons pas dispenser. Il faut davantage que l’offre actuelle. L’étude de faisabilité en cours dira comment atteindre ce but. Mais nous ne serons de toute façon pas aussi ambitieux qu’à Romont.
Qu’attendez-vous de Rivelac, l’agglo de la Riviera?
Nous avons une carte à jouer pour une meilleure desserte en transports publics. En particulier Châtel-Saint-Denis, qui est l’un des pôles d’activité de l’agglo. Mais nous n’en sommes pas au stade des mesures concrètes. Par contre, en 2023, la liaison Vevey-Palézieux est quasi assurée tous les jours à une cadence horaire, voire à la demi-heure aux heures de pointe en semaine. C’est déjà réjouissant.