Les syndics gruériens souhaitent sonder la population sur la fusion. Reste à définir sur quoi voter

Lancée il y a huit ans, l’idée de fusionner les 25 communes de la Gruyère peine encore à trouver une direction. Mercredi soir, les syndics du district ont fait part de leur position au préfet lors d’une séance à huis clos qui avait pour but de prendre la température dans les exécutifs. Au cœur des discussions: le dernier rapport du bureau BDO sur l’étude de faisabilité. Ce document de soixante pages se révèle complexe, voire «indigeste», selon certains élus. Le rapport de l’étude de faisabilité concernant la fusion des 25 communes du district de la Gruyère sera rendu public d’ici un mois.
A ce stade, les syndics ne sont pas autorisés à s’exprimer, du moins pas en dehors de leur exécutif respectif, sur ce rapport qui sera rendu public d’ici un mois. En attendant, le préfet de la Gruyère, Vincent Bosson, évoque la suite de ce dossier.
Présentée à la fin 2021, la première version de l’étude de faisabilité a jeté les bases d’un nouveau modèle de fusion de communes. Il était proposé d’instaurer de manière pérenne sept arrondissements administratifs, soit un pour chacune des six régions (Centre, Intyamon, La Jogne, Rive gauche et Rive droite de la Basse Gruyère, et La Sionge) et un pour la ville de Bulle. Dans ce modèle, des élus seraient à la fois représentés dans un législatif régional et dans un exécutif au niveau local. «C’est toujours ce qui est proposé dans le rapport BDO», indique le préfet. Or, ce modèle se révèle complexe à mettre en œuvre. «Il y aurait peut-être moyen de faire les choses plus simplement», suggère Vincent Bosson. La séance avec les syndics a en tout cas dévié vers d’autres pistes. Parmi les options évoquées par des élus: un législatif de 80 à 100 membres dans lequel les communes historiques disposeraient des sièges garantis, ou encore un système à deux Chambres, l’une représentant la population et l’autre les communes.
Vote consultatif souhaité
Car dans ce projet de commune unique, «la grande crainte (des communes périphériques, ndlr) est l’influence de la ville de Bulle», souligne le préfet. «Les avis sont très tranchés. Certains syndics sont de fervents défenseurs des arrondissements et pensent que ce projet est visionnaire, alors que d’autres estiment que l’on va droit dans le mur», résume Vincent Bosson.
Un point a en revanche mis d’accord la plupart des syndics: une majorité d’entre eux souhaite que la population du district puisse donner son avis lors d’un sondage consultatif. Pour Vincent Bosson, un gros effort de vulgarisation devra toutefois être effectué pour rendre «attractif» le rapport BDO et «ses soixante pages de technicité assez élevée».
La dernière version du rapport et le procès-verbal de la séance de mercredi seront transmis ces prochaines semaines à l’ensemble des conseillers communaux. Le comité de direction de l’Association régionale La Gruyère décidera au début du mois de mars des étapes à venir. La population devrait en principe être consultée lors de cette législature. Toute la difficulté sera de définir sur quoi portera cette consultation, sur quelles questions ou modèles de gouvernance sera sondée la population. «C’est un dossier complexe, et je pense qu’il faut prendre le temps de fixer une stratégie de communication et de réfléchir à ce que l’on veut proposer», souligne le préfet, qui assure que le projet ne finira pas dans un tiroir et qu’«un débat démocratique aura lieu».
«Des fonds importants ont été investis pour ce projet», relève Vincent Bosson. Jusqu’à aujourd’hui, 220 000 francs ont été alloués à l’étude de faisabilité. «C’est un dossier dans lequel nous n’avons pas de contrainte de temps», ajoute le préfet, qui vise 2033 pour une potentielle entrée en vigueur d’un projet de fusion.
Publié le 18 février 2023 dans La Liberté par Maud Tornare