Publié le 23 septembre 2023 dans le journal La Liberté par Maud Tornare
La méga fusion divise les élus
Une courte majorité d’exécutifs communaux est favorable à la poursuite du projet
La population du district sera sondée au printemps 2024 sur la poursuite du projet de commune unique en Gruyère.
Photo Vincent Murith
Les 25 exécutifs gruériens se sont positionnés sur le projet de commune unique en Gruyère. Et le résultat est pour le moins contrasté.
Une courte majorité, soit 14 Conseils communaux, est favorable à la poursuite des réflexions alors que 10 exécutifs y sont défavorables. La ville de Bulle s’est abstenue. Le dernier mot reviendra à la population gruérienne qui sera sondée au printemps 2024.
Arrêter les frais
L’avis de principe des exécutifs communaux a été communiqué jeudi soir lors de la Conférence des syndics. Réalisée par le bureau BDO, l’étude de faisabilité d’une commune unique en Gruyère avait été présentée aux élus en juillet dernier. Le modèle proposé consistait en la création de sept arrondissements pour chaque région de la Gruyère.
Botterens, Châtel-sur- Montsalvens, Corbières, Crésuz, Echarlens, Hauteville, Ponten-Ogoz, Pont-la-Ville, Vaulruz et Vuadens se sont prononcés contre la poursuite de ce projet. Dans ces communes, trois ont actuellement un taux d’imposition plus bas que celui projeté pour la commune unique (entre 75% et 78%), quatre sont au-dessus et trois se trouvent dans cette fourchette.
«Nous n’avons rien à gagner avec une commune unique. Financièrement, nous allons bien et nous avons peur que cette possibilité d’investir disparaisse avec la fusion», relève Gabriel Kolly. Pour le syndic de Corbières, le modèle proposé va déboucher sur «un mammouth bureaucratique». La perte d’autonomie locale et de représentativité est aussi pointée du doigt. «En tant que petite commune, nous ne voulons pas être sous la houlette de Bulle et nous ne voulons pas de bagarre entre la ville et la campagne», abonde Bernard Bapst, syndic d’Hauteville.
Des communes plus grandes sur le plan démographique ont aussi rejoint le camp du non. C’est le cas de Vuadens. «Nous ne partageons pas le constat alarmant du rapport BDO. Nous avons des gens qui s’engagent pour la commune, des finances saines et des services de proximité», expose le syndic Noam Rey. A Pont-en-Ogoz, l’exécutif explique avoir tenu compte du ressenti de la population. «Nous préférons arrêter les frais tout de suite alors qu’on sent que ce projet est voué à l’échec», indique le syndic Christophe Tornare.
Une meilleure répartition
Dans les communes favorables à la poursuite du projet, les exécutifs mettent en avant une meilleure répartition des richesses entre le centre et la périphérie, une meilleure coordination au niveau du développement territorial ou encore la mise en place de services à la population identiques sur l’ensemble du territoire. Mais la question de la représentativité est aussi une source de préoccupation. «Nous pensons qu’il est trop tôt pour quitter les discussions à ce stade mais nous pensons aussi que le rapport BDO ne doit pas être pris comme base», indique Jochen Mooser, syndic de Bellegarde. «Ce rapport devait répondre à la question de la faisabilité. C’est une piste de réflexion mais probablement qu’il y en aura d’autres», indique Vincent Bosson qui s’attendait à des avis tranchés.
«Les communes qui se sont focalisées sur la poursuite du projet ont plutôt dit oui et celles qui se sont focalisées sur le rapport BDO ont voté non», constate le préfet de la Gruyère. Les exécutifs sont en revanche unanimes sur le fait de sonder la population. «Avec ce sondage, nous souhaitons savoir si la population s’identifie à ce projet de commune unique. Si oui, on pourra aller de l’avant avec un projet de fusion et si la réponse est non, il faudra se replier sur d’autres modèles de gouvernance car le statu quo n’est pas envisageable», explique Vincent Bosson.
«Nous souhaitons savoir si la population s’identifie à ce projet de commune unique» Vincent Bosson