
Un élément dont il n’est jamais tenu compte dans la question des fusions de communes, et pour cause – bien trop romantique, trop rétrograde, voire arriéré -, c’est l’attachement d’une (bonne) partie de la population à un environnement à la mesure de l’humain.
Même s’il y a aussi certainement quelques avantages à la cité, à l’urbain, l’homme ne tisse de liens véritables qu’avec « son prochain » – c’est-à-dire celui qui lui est proche – et comme cela est souvent mentionné, l’homme ne semble pas fait pour vivre paisiblement en grandes communautés ; le clan, la tribu – même si ces termes sont presque tabous dans notre XXIe siècle occidentalisé – définissent mieux la dimension qui lui est adaptée. Sinon, comment entendre des réflexions comme :
« Moi, je veux bien entendre parler d’une fusion, mais celle que l’on nous propose est vraiment trop grande et sans âme. » (Charles)
« Quand on entend argumenter le comité pour la fusion, les premiers mots qui reviennent sont « taille critique », « gonfler », « faire plus de poids »… Comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ! On croirait entendre des investisseurs d’entreprise. Et on sait comment ça se passe quand une entreprise en rachète une autre : la première année, on ne bouge pas pour calmer les esprits et petit à petit on voit qu’on est dirigé par des gens qui ne sont même pas sur place, on commence à faire de l’ordre là où ça gène, on dégraisse forcément quand on peut, et on amène plus de la détresse qu’une meilleure qualité de vie. » (Christian Muriset, Le Landeron)
Au surplus, on reproche souvent aux contempteurs des fusions une attitude passéiste, accrochée au « bon vieux temps » du fonctionnement ancestral et paternaliste des communes. S’il fallait démontrer encore où se trouve la véritable faiblesse de la gestion publique qui ne jure que par les fusions de communes, il nous suffirait de proposer à l’observateur de noter la tendance de plus en plus affirmée des systèmes informatiques et de l’Internet, d’apprendre à de petites entités indépendantes à communiquer entre elles plutôt que de construire des monstres vulnérables. Si l’on termine en faisant remarquer que ces systèmes neuronaux copient ce que fait le cerveau, représentant un sommet de l’évolution, depuis des milliers d’années, serait-il plus facile de comprendre qu’une structure de communes indépendantes, solidaires et sachant bien communiquer représente plus une vision du futur que les mégapoles entourées de déserts qu’on essaie de bâtir?
Faut-il donc satelliser nos petites communes dans une entité plus vaste, qui elle-même se trouvera bientôt aux avant-postes d’une nouvelle fusion et dont le syndic, le président ou le maire ne viendra peut-être même jamais fouler le « petit » territoire ?
A tous points de vue 100 communes de 500 habitants n’ont rien à voir avec 1 commune de 50’000 habitants. Mais osera-t-on parler de la perte de la « bio-diversité » représentée par une telle fusion ?