Si un répit nous était permis dans cette déferlante qui nous submerge en permanence sans doute serait-il possible de prendre du recul sur nos modes de vie, sur notre organisation sociale, de porter une réflexion plus judicieuse sur les raisons qui nous ont amenés jusque là.
Du réflexe à la réflexion
Il ne s’agit pas de se regrouper pour se regrouper, par une mode réflexe quasiment pavlovienne, en un « pôle de développement », mais de travailler ensemble à l’émergence d’un « pôle de vie » et cela demande effectivement une réflexion profonde sur le sens et le rôle de la commune. Puis de l’action et de l’engagement, mais non l’inverse.
Qu’est-ce qui est en jeu ?
Dans les dernières décennies les communes ont été de plus en plus poussées aux limites de leur performances. Les tâches qui leur incombent légalement sont en permanence augmentées ou contraintes par des normes et des dispositions légales. En raison de leur complexité et de la densité croissante de la réglementation, le personnel administratif des petites communes n’est plus toujours à même de garantir la qualité de prestations conformes à la loi. Une pression accrue s’exerce ainsi au quotidien sur les plus petites d’entre elles que tout un trend pro-fusion cherche à diriger vers l’entonnoir de la réforme institutionnelle locale. Cette pression est, bien entendu, favorable en première ligne aux cantons qui diminuent ainsi leurs charges financières et leur charge de conseil, tout en récupérant au passage des prérogatives autrefois dévolues aux communes.
La fusion réduite à des questions matérielles
Si les questions matérielles sont un vrai problème pour les communes de petite taille, c’est sans doute aussi parce qu’elles ont une attitude beaucoup plus responsable face aux dettes qu’elles peuvent être amenées à engager. Mais d’autre part, les charges nouvelles qu’elles sont amenées à assumer, notamment dans le domaine social, sont un fardeau qui mériterait, lui, d’être mutualisé.
Malgré cela, c’est un raccourci un peu rapide qui est pris par les promoteurs des fusions en réduisant les problèmes à résoudre à une série de questions matérielles à optimiser sur le mode appliqué dans le monde économique.
Faire abstraction de la démocratie pour réaliser la fusion ?
La question principale, s’il elle est justifiée, est comment améliorer l’administration communale. En effet c’est l’administration communale qui accomplit les tâches dévolues aux communes. Le politique décide. Et dans ce sens, il est faux de vouloir modifier les institutions politiques pour gagner en efficience au niveau administratif. Est-il inéluctable de réduire le nombre de décideurs pour que les choses soient mieux organisées, mieux réalisées et finalement reviennent moins cher ? N’oublie-t-on pas en route l’essence même de la démocratie qui est de faire participer le citoyen aux décisions qui le concernent ?