mai 31, 2023

Fusion Sion-Veysonnaz: Le rejet de la fusion Monthey et Collombey-Muraz précurseur ?

Etait-ce le signe d’une prise de conscience contre les fusions à prétention de créer de grandes régions économiquement fortes mais démocratiquement anorexiques ? Le 15 mai 2022, les citoyens de Collombey-Muraz refusaient à 70,2% une union avec Monthey qui aurait plutôt eu l’aspect d’une absorption…

Est-ce un signe de fébrilité de l’officialité, le Nouvelliste organise aujourd’hui un débat « sur inscription » à Sion sur la fusion Sion-Veysonnaz et rappelle l’anniversaire de ce rejet dans son journal sur le mode « N’ont-ils vraiment aucun regret ? »

Etait-ce le signe précurseur de ce qui sortira des urnes le 18 juin 2023 pour Sion – Veysonnaz ?

Pour sûr, cet anniversaire est peut-être le précurseur d’une prise de conscience de la population valaisanne à l’approche d’une autre future votation sur la nouvelle constituante qui intègre le concept de 6 régions économiques construites autour des villes principales s’égrènant le long du Rhône au détriment des actuels 13 districts, enlevant de plus en plus au pouvoir sa proximité démocratique.

Un projet surtout porté par quelques élus

Ce projet de fusion était en cours d’élaboration depuis 2017. Plusieurs rapports ainsi qu’un sondage auprès de la population avaient été menés.

«Le Conseil communal va-t-il prendre position officiellement? J’ai l’impression que vous n’êtes pas unanimes sur ce projet, ai-je tort?» La question, arrivée au cours des débats, avait jeté un froid dans une soirée de présentation déjà marquée par plusieurs remarques négatives. «Nous ne pouvons pas vous dire que le Conseil est unanime, ce serait un mensonge», avait avoué le président de la commune, Olivier Turin, face au public.

Pourtant, à la mi-mars, les conseils généraux des deux entités avaient largement soutenu cette union.

Les éternels arguments pro-fusion avaient été servis à la population : «En cas de oui, nous deviendrons la 2e ville du canton et représenterons 8% de la population valaisanne et 15% des emplois occupés dans notre canton», lui avait-on expliqué. Une «baisse d’impôts, avec un coefficient fixé à 1,2 sera possible, en cas de fusion». Etc,etc…

Mais le 15 mai 2022, le verdict est tombé: 70,2% de NON à Collombey-Muraz…

« Un véritable désaveu tant pour le conseil communal que général » de la commune avait alors admis le Président Olivier Turin

« C’était un projet conçu et venu des élites et qui ne répondait pas à un souhait de la population », estimait de son côté Guillaume Vanay président de l’UDC de Collombey-Muraz, qui se disait lui « très content » de la réponse « limpide » donnée par sa commune ce dimanche. « Nous ne voulons pas de ce projet qui ne répond à aucun besoin financier ou de gestion. Sans compter qu’en terme identitaire, il s’apparentait clairement à une absorption », ajoutait-t-il.

Et aujourd’hui alors ?

Cette votation a été l’une des plus attendues de ces dernières années dans le Chablais. Le sujet, comme c’est souvent le cas lors de fusion de ce type, était sensible, émotionnel, presque épidermique.

La «date anniversaire» d’une fusion avortée n’est donc pas tombée dans l’oubli. «Au contraire, mon parti va d’ailleurs organiser un petit apéritif le soir du 15 mai, ouvert à tous, pour la commémorer.» déclarait le chef de groupe UDC au Conseil général de Collombey-Muraz, Romain Gex-Fabry.

«Sur le moment, c’était un événement, c’est vrai. Mais aujourd’hui le chapitre est clos et rien n’a changé. La vie et les projets des deux communes se poursuivent», fait remarquer la coprésidente de l’Entente pour Monthey, Annick Grossrieder.

Les deux communes restent autonomes certes, mais avec des connexions multiples. Monthey et Collombey-Muraz ont mis en place, depuis plusieurs années, près d’une quinzaine de collaborations, dans les domaines du social, de la santé, de la police ou encore de l’énergie et celles-ci vont se poursuivre.

Il est évident que ce projet était surtout désiré par les élus, mais on ne peut pas parler de fusion de communes sans l’enthousiasme populaire et une mise sur la table franche de ce qu’on gagne, mais aussi (et surtout?) de ce qu’on perdrait.