décembre 11, 2023

Fusion Basse-Areuse : entre enthousiasme et doutes

Publié le 6 novembre 2023 sur le site rtn.ch

 

Les citoyens de Milvignes, Boudry et Cortaillod sont appelés à se prononcer sur la fusion de leur commune le 26 novembre. Pour le président du Copil Philippe Dupasquier, cette union est vitale. Conseiller général à Cortaillod, Michel Sansonnens émet lui des doutes sur le bien-fondé du projet

Les habitants de Milvignes, Cortaillod et Boudry voteront le 26 novembre sur le projet de fusion de Basse-Areuse. Les habitants de Milvignes, Cortaillod et Boudry voteront le 26 novembre sur le projet de fusion de Basse-Areuse.

C’est l’un des plus gros projets de fusion de l’histoire du canton de Neuchâtel. Les citoyens de Cortaillod, Boudry et Milvignes (qui réunit Colombier, Bôle et Auvernier) sont appelés à se prononcer sur le mariage de leur commune le 26 novembre afin de fonder Basse-Areuse. Une nouvelle entité qui serait composée de plus de 20’000 habitants et qui constituerait la 3e plus grande commune du canton derrière Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

« La fusion devient vitale »

Pour Philippe Dupasquier, président du Copil, et actuel conseiller communal PLR à Milvignes, cette fusion est vitale. « Nous faisons face à de nombreux défis en termes de mobilité, d’énergie, de vieillissement de la population, d’accueil des jeunes et les tâches se complexifient tant au niveau technique que juridique ».

Philippe Dupasquier, président du Comité de pilotage de la fusion

« Et quid de la qualité de la vie dans cette fusion ? »

Chaque projet de fusion à ses détracteurs. Un comité d’opposants « Non à Basse Areuse » s’est d’ailleurs formé à Boudry. Mais il y a aussi des personnes sceptiques. C’est le cas de Michel Sansonnens, conseiller général socialiste à Cortaillod. S’il ne veut pas être qualifié d’opposant, il ne cache pas son scepticisme sur ce projet. « Je ne suis pas convaincu. Le champ lexical des partisans tourne autour de mots comme changements techniques, nouveaux moyens, réponses à des défis. Et je n’ai jamais trouvé le mieux vivre ensemble comme argument de fusion, de mentions sur la qualité de la vie dans la nouvelle commune ».

Michel Sansonnens, conseiller général socialiste à Cortaillod et sceptique à la fusion

« Cette fusion, c’est trois communes, mais cinq localités aussi »

Pour les opposants, cette fusion est notamment synonyme « de perte d’autonomie et de contrôle ». À Boudry, certains parlent même « d’annexion ». Des propos qui interpellent Philippe Dupasquier. « Ils me surprennent, car tout le processus de préparation de la fusion a été fait sur un mode participatif. Et cette fusion, c’est trois communes, mais aussi cinq localités. Je pense qu’il y a un très bon équilibre, d’une part en termes de poids, mais aussi en termes de fiscalité ».

« Pas de réflexion sur la croissance »

Un coefficient fiscal de 63 (taux actuel appliqué à Milvignes; il est de 66 à Cortaillod et de 71 à Boudry) et des investissements qui vont dépasser les 80 millions de francs lors de la prochaine législature. Ce sont deux points parmi d’autres du projet de fusion. Là encore, Michel Sansonnens fait part de ses doutes. « J’ai souvent entendu : on va avoir davantage d’argent, mais je n’ai jamais trouvé ce qu’on va faire de cet argent. On va faire plus alors que j’aurais souhaité qu’on fasse mieux ».

« Le problème de relève politique n’est pas résolu avec une fusion »

Et que répond Michel Sansonnens aux difficultés de pourvoir les 41 sièges du Conseil général de Cortaillod lors des dernières élections communales en 2020 où une élection complémentaire avait dû être organisée pour compléter le législatif ? Le Carcoie cite une étude de Thomas Blatter (Fusions de communes en Suisse : économies, effets sur la gouvernance et l’identité. Schweizerische Zeitschrift für Politische schaft 27, no. 2, 2022). « Elle montre que le problème n’est pas résolu par la fusion. Et toujours dans cette étude, il est relevé que les économies d’échelle des fusions s’élèvent à 2%. Je m’excuse du terme, mais c’est peanuts », s’exclame Michel Sansonnens.

« Les sociétés locales auront les mêmes prestations »

Le comité boudrysan « Non à Basse-Areuse » dit craindre pour l’avenir des sociétés locales « qui connaîtront rapidement des lendemains qui déchantent », peut-on lire dans son communiqué. Le président du comité de pilotage n’est pas d’accord avec ces propos. « Le Copil reconnait le poids et l’importance des sociétés locales pour la vie locale. Dans les cas de fusions que je connais, elles ont eu la garantie de continuer d’avoir les mêmes prestations. Et ces conditions-là vont être au minimum maintenues », assure Philippe Dupasquier.

RTN organise un débat sur le projet de fusion de Basse-Areuse jeudi de 18h30 à 19h en direct à la radio et en vidéo sur RTN.ch. Evan Finger pour le comité « Oui à Basse-Areuse » fera face à Stéphane Keller pour le comité boudrysan « Non à Basse-Areuse ».