décembre 11, 2023

Entre ces communes fusionnées de l’Oise (F), le divorce est consommé

Publié le 5 août 2023 sur le site actu.fr par Nicolas Giorgi

C’est un cas unique de « défusion » dans le département. La commune de Beaumont-les-Nonains a émis le souhait de quitter Les Hauts-Talican, une commune nouvelle née en 2019.

La préfecture de l’Oise a entériné la semaine dernière la toute première défusion de l’Oise. Il y a trois ans, Beaumont-les-Nonains avait manifesté sa volonté de quitter la commune nouvelle des Hauts-Talican. Une décision aujourd'hui entérinée.
La préfecture de l’Oise a entériné la semaine dernière la toute première défusion de l’Oise. (©Nicolas Giorgi/Actu Oise)

 

Entre ces trois communes, le mariage de raison a tourné au vinaigre.

La semaine dernière, l’Oise a connu son tout premier cas de « défusion » au sein du département.

Le 1er janvier 2024, la commune nouvelle des Hauts-Talican, au sud-ouest de Beauvais –née de la fusion en 2019 de Beaumont-les-Nonains, La Neuville-Garnier et Villotran– se verra amputée de 300 de ses 873 habitants.

Désireuse de retrouver sa liberté, « Beaumont-les-Nonains a fait part de sa volonté de redevenir une commune de plein exercice », a acté la préfète de l’Oise, Catherine Séguin.

La représentante de l’Etat a donné suite à cette demande « au vu des différents avis collectés et de la difficulté des élus des Hauts-Talican à continuer à avancer ensemble vers un avenir commun ».

 

Histoires d’hommes et combats de coqs

« Des histoires d’hommes, et des combats de coq », seraient à l’origine de ce fiasco, selon Philippe Logeay, maire (SE) des Hauts-Talican et ancien maire de Villotran.

 

Un mariage de raison… puis un divorce par consentement mutuel

« Un conseil qui ne s’entend pas, du personnel communal qui ne s’entend pas, ça rend la vie du maire et de ses adjoints plus difficile », explique le maire des Hauts-Talican.

Il était pourtant, en 2019, l’un des plus chauds partisans de ce mariage, guidé par des considérations économiques, ce qui lui avait d’ailleurs permis de faire baisser les impôts. Il faut dire qu’à l’époque, l’État poussait dans ce sens. « Celui de l’histoire », résume l’édile.

« On avait régulièrement des courriers de la préfecture émanant du ministère de l’Intérieur qui nous poussaient à la roue, en nous faisant miroiter des dotations supérieures, un remboursement plus rapide de la TVA sur les communes nouvelles, etc. »

Philippe Logeais

Une scission née durant les municipales de 2020

Mais très vite, l’élu déchante. Dès 2020, des dissensions commencent à apparaître au sein de son conseil municipal.

Un candidat de Beaumont-les-Nonains, Valéry Beauvisage, décide même de le défier lors des municipales. « Tous les élus de Beaumont-les-Nonains ont alors voté pour lui. On a vu venir le coup », se souvient Philippe Logeais.

« Ça a créé une scission au sein du conseil. Et celle-ci n’est aujourd’hui toujours pas réparée »

 

« Toutes les fusions ne se passent pas forcément bien »

Pour modifier les limites territoriales de la commune nouvelle, l’édile rappelle qu’il a fallu en passer par par plusieurs étapes. Le conseil municipal des Hauts-Talican avait délibéré les 27 novembre 2020 et le 2 décembre 2021 à ce sujet.

Puis, une enquête publique a été prescrite entre le 20 juin et le 6 juillet 2022, conduisant à un avis favorable du commissaire enquêteur au projet de défusion.

« Toutes les fusions ne se passent pas forcément bien », résume Philippe Logeay. L’élu se satisfait tout de même, après presque trois ans de procédure, d’avoir trouvé une porte de sortie qui convienne à tous, l’État compris.

« Pour les habitants ça ne change rien. Notre but premier était de faire des économies. Mais quand on ne s’entend pas, on ne s’entend pas », conclut-il.

 

De nouvelles élections nécessaires dans les communes concernées

Des élections pourraient avoir lieu en janvier aux Hauts-Talican et à Beaumont-lès-Nonains. Il s’agira d’élire deux nouveaux maires. « C’est vraiment de l’argent jeté par les fenêtres », commente, fumasse, cet habitant des Hauts-Talicans. « On a vraiment l’impression que chacun a voulu tirer la couverture à soi dans cette affaire… »

Contacté par Actu Oise, Valéry Beauvisage nous a fait savoir qu’il ne souhaitait pas répondre à nos questions.