Fusion Bussigny et Villars-Sainte-Croix ?
On peut se poser la question « Quelle est l’intention cachée derrières les fusions de communes? » qui sont toujours proposées par des politiciens mais jamais par des citoyens. Et par des élus qui se situent en général du côté des ultra-libéralistes.
Comme arguments, ils avancent la plupart du temps les « économies d’échelle » et « la difficulté à trouver des Municipaux compétents et disponibles ». Tout ceci est plausible mais n’est pas réservé qu’aux petites communes. Cela pourrait aussi s’appliquer à l’entier de notre système politique fédéraliste. L’ultra libéralisme exige à grands cris des économies et des fusions, pourquoi? Venant de ce bord politique-là, il est certain que ce n’est pas pour augmenter le bien-être de la majorité de la population!…
Regardons les conséquences de la fameuse phrase « moins d’état » que d’aucuns traduisent par « élimination des chicanes administratives »! Cette phrase se traduit concrètement par des coupes claires dans les budgets de fonctionnement des services fédéraux, ce qui contraint ces derniers à travailler à « petite vitesse » faute de crédits. Et le résultat ne se fait pas attendre: imaginez les millions que la collectivité pourrait récupérer si l’Etat pouvait se payer plus d’experts fiscaux pour le contrôle des comptabilités des entreprises multinationales (dont 267 sont exemptées d’impôt dans le canton)! Imaginez le nombre d’entreprises que l’Etat pourrait amender s’il avait assez de monde pour contrôler la légalité de leurs employés et de leurs salaires (dumping)! Imaginez les fraudes que l’Etat pourrait découvrir si ses inspecteurs des douanes, des denrées alimentaires et des produits pharmaceutiques étaient plus nombreux! etc. etc.
Vous l’avez compris, par le biais des budgets et facilité par le « moins d’Etat » que chacun comprend à sa façon, l’ultra libéralisme détruit petit à petit l’organisation de notre société qui s’est construite sagement au fil du temps. Et au bénéfice de qui? C’est évident, au bénéfice des plus riches, de ceux qui ont le pouvoir, deux ceux qui ont l’argent qui peut tout acheter. Ce n’est pas pour rien que le développement de la mondialisation coïncide avec l’appauvrissement des pauvres et de l’enrichissement scandaleux des plus riches.
Dans le monde, il y a 67 personnes qui possèdent à elles seules l’équivalent du tiers de la fortune mondiale !
Alors OK, fusion de communes = ultra-libéralisme, mais pourquoi?
En y regardant de près, la principale motivation est de donner plus de pouvoir à ceux qui l’ont déjà. Imaginez un grand projet de construction réparti sur plusieurs communes. Les promoteurs doivent convaincre les élus et répondre aux oppositions de toutes les communes concernées, ce qui leur fait perdre du temps. Alors que si l’ensemble de ces communes n’en faisait qu’une, il n’y aurait qu’une seule Municipalité, qu’un seul Conseil communal et qu’un seul groupe de citoyens à convaincre. Vues par les mondialistes, les affaire seraient tellement plus simples à faire!…
Alors bien-sûr, ce qui convient à une commune ne convient pas forcément aux autres ce qui implique que la centralisation provoque des « effets collatéraux » désagréables. Mais en se gargarisant de termes du style « équité », « égalité de chances », « non-discrimination » qui tous tendent à imposer ce qu’elle ne veut pas à une minorité au nom de la soi-disant volonté d’une majorité, on arrive à culpabiliser ceux qui sont localement lésés et qui sont censés se sacrifier pour la majorité.
Alors que si chaque commune, quelle que soit sa taille, conserve son autonomie communale, chaque citoyen conservera une petite parcelle de pouvoir, celui d’élir ses autorités et celui de faire des pétitions en cas de désaccord. C’est grâce à l’autonomie communale et à la force de sa démocratie directe que la tour du projet « PPA Industrie » à été refusée.
Notre système politique n’est pas parfait, aucun ne l’est, mais c’est le meilleur au monde. Chaque couche politique a une parcelle du pouvoir, fédéral, cantonal, communal, citoyen, ce qui dilue le pouvoir et empêche que les puissants ne soient trop puissants. Et si on regarde l’Histoire, toutes les grandes catastrophes sont venues de la toute-puissance de quelques tyrans tels que les rois (lisez la biographie de Louis XIV, vous serez édifié), Hitler, Napoléon, Mussolini, Staline, Bokassa, Mobutu, Ceaucescu, Pol Pot, etc. etc. L’Histoire n’est qu’une suite de prises de pouvoir total pour le plus grand malheur des populations. Et pour avoir le pouvoir total, il faut qu’il soit centralisé, c’en est la condition sine qua non. Voilà à quoi les fusions de communes tendent aujourd’hui. C.Q.F.D.
La mondialisation et l’Union européenne sont de la même veine. Sous prétexte d’éviter les guerres (ce qui n’est pas tout faux), on concentre en réalité tout le pouvoir en quelques mains. C’est la définition de la centralisation et c’est ce qui fait que, en fin de compte, le citoyen n’a plus rien à dire et plus aucune influence sur son environnement. En foi de quoi devrait-on accepter que les technocrates de l’UE interdisent la consommation du Camembert à tout un continent, le fromage qui pue comme disent les Anglais, alors que beaucoup de gens l’apprécient? Grâce à une centralisation outrancière qui leur donne un pouvoir outrancier, les lobbies (ceux qui ont l’argent et donc, en fin de compte, le pouvoir), réussissent à imposer des règles à 380 millions de citoyens par l’intermédiaire de quelques politiciens à convaincre. A leur profit bien-entendu, cherchez « à qui profite le crime »!…
Par contre, il serait beaucoup plus difficile d’agir de même en Suisse puisque notre système politique fédéraliste divise le pouvoir. Il ne le divise pas par plaisir de le faire mais parce nos ancêtres étaient conscients qu’il faut à tous prix parcelliser le pouvoir afin d’éviter que ceux qui en auraient trop en abusent. Ce qu’ont fait tous les tyrans tels que Louis XIV et XV, Hitler, Napoléon, Mussolini, Staline, Bokassa, Mobutu, Ceaucescu, Pol Pot, etc. etc. En Suisse, c’est la base de la méfiance séculaire des campagnes vis-à-vis des grandes villes. Et l’Histoire nous donne raison puisque notre pays a connu une série ininterrompue de paix alors que le monde entier était à feu et à sang.
En fin de compte, la seule lutte qui vaille des sacrifices en ce bas monde, c’est de diviser le pouvoir autant que possible afin qu’il n’atteigne jamais la taille critique qui le mène ensuite automatiquement au pouvoir total, donc à la tyrannie !
Conservons l’autonomie de nos communes afin que le pouvoir soit aux mains de ceux qui les habitent !
Et si l’Homme devenait conséquent et ne répétait plus inlassablement et génération après génération les mêmes erreurs que par le passé ? A l’échelon local, on devrait pouvoir y arriver. En tous les cas on peut en rêver…
Michel Vonlanthen, Bussigny
Site lessujetsquifachent.ch, commentaire sur un article du 24H du 16.04.2014