Dans le Canton de Neuchâtel, face à la fronde contre les fusions de « Basse-Areuse » et « Laténa », les médias locaux entrent dans la danse pour le « Dernier sprint » comme le titre le journal ArcInfo.
Alors qu’organisés par le quotidien, les premiers débats ont eu lieu récemment à Colombier, puis à Hauterive, deux nouveaux débats sont agendés par la Radio RTN les 7 novembre (Laténa) et 9 novembre (Basse-Areuse) entre 18h30 et 19h.
Des arguments affligeants ou clivants
Le compte-rendu de ces échanges entre pro et anti-fusion révèle le niveau émotionnel qui régit les arguments des uns et des autres, mais le constat est affligeant : du côté « pro », les mêmes arguties sont constamment resservies, d’une commune à l’autre, malgré les réponses détaillées depuis longtemps et de mieux en mieux documentées au cours des législatures par les exemples des communes qui ont cédé à la pression de la fusionnite.
Ainsi, le remplacement de l’information due à la population par une communication décomplexée et quasi obscène – maintenant part intégrante de la stratégie d’acceptation mise en place par les comités de pilotage (COPIL) – ressort dès les premières lignes de l’article. Le cri du coeur d’Isabelle Augsburger, ancienne conseillère communale d’Enges, « Je ne dis plus oui, mais OUI », sonne à peine moins théâtralement que l’affirmation grandiloquente du Coprésident du COPIL, Rocco Mauri qui célèbre la « force et l’énergie qui se dégage de la démarche de fusion ». S’en suit évidemment le couplet « avec 11’500 habitants nous serons plus forts pour négocier avec le Canton ou les banques » ou la complainte sur le manque de candidatures pour les mandats électifs.
Mais, pour qui sait lire entre les lignes, les vraies problématiques qui ne sont mêmes pas effleurées ici, mériteraient d’être analysées avant d’imposer aux citoyens des slogans de marketing. Ainsi, pourquoi certains conseillers sont-ils démissionnaires ? Pourquoi les mandats communaux peinent-ils à recruter, alors qu’il y a pléthore aux élections cantonales ou fédérales ?
Evidemment, dans le camp opposé, pour être efficace, il faudrait aussi éviter de se laisser emporter par le constat amer de l’absence des jeunes ou de la couleur politique de certaines positions en assénant des propos clivants qui cachent aussi une nécessaire analyse rationnelle des enjeux. Ainsi les exclamations d’Olivier Haussener, ancien conseiller de St.Blaise qui s’en est pris à la jeunesse ou à la gauche, ne seront d’aucune aide pour convaincre les indécis.
Suffisants pour convaincre ?
Il est cependant clair que la disparition de la proximité des élus, qui sont peut-être des voisins, renforce le désintérêt pour une politique qui régionalise ou cantonalise toutes les décisions au détriment de la considération ou de la prise en compte des intérêts locaux.
La fiscalité est également la carotte habituelle qu’on tend aux citoyens. Nous le répétons: quasi toutes les communes fusionnées connaissent, après leurs premières législatures artificiellement portées financièrement par les incitations cantonales, des hausses d’impôts qui font rapidement regretter amèrement tout ce qu’on a sacrifié pour embellir la corbeille de la mariée. Il n’est pas nécessaire d’épouser le patron pour travailler dans l’entreprise (!)
Le problème du mouvement actuel, c’est qu’il n’est pas destiné à s’arrêter, mais vise la fusion à terme d’une large majorité des communes et répond une volonté qui se généralise encore, alors qu’elle va à l’encontre d’une résilience des territoires par rapport aux enjeux du futur.
Les arguments échangés à Hauterive étaient-ils les meilleurs pour convaincre ?
A Colombier, ceux-ci étaient sans doute plus judicieux, du moins pour les opposants, mettant en avant ce qui pèse dans tout processus de fusion:
- un intérêt régional qui fait pression pour absorber les pouvoirs locaux, voire quelques fois pour mettre la main sur des ressources de niche encore en mains locales (par exemple: contributions fiscales de grosses entreprises, terrains constructibles, enjeux touristiques, etc.)
- le risque que fait courir la tentation d’une fiscalité d’appel qui empêche le financement futur des infrastructures nécessairement étendues (?) pour une entité plus grande.
Concernant la fiscalité, dite d’appel, les pro-fusions ont voulu répondre au cadeau « empoisonné » en alléguant, par la voix d’Alex Ferreira, Président d’un comité « Oui à la Basse-Areuse »que le taux était fiable pour les « quatre prochaines années », mais ce pourrait être une « balle dans le pied » des partisans, puisque il suffit de demander « Et ensuite ? » pour ramener l’argument à sa réfutation classique ci-dessus.
Trouver une solution gagnant- gagnant doit maintenant présider à l’éternel débat sur les fusions de communes.Celle proposée par Philippe Amez-Droz d’un Espace Economique du Littoral-Ouest pourrait faire partie de la solution au problème. Cela a fonctionné jusqu’à aujourd’hui avec la question de l’intégration européenne de la Suisse, non sans difficultés il est vrai, mais elle a su préserver son indépendance et la maîtrise de son destin malgré sa « petitesse ». |