Publié le 22 juin 2012 sur le site laliberte.ch par Samuel Jordan

Il y a 10 ans, une fusion des communes du Haut-Lac aurait paru impensable. En 2012, les mentalités ont évolué et sont désormais moins figées. La preuve par six? Les syndics de Courtepin, Wallenried, Misery-Courtion, Villarepos, Cressier et Barberêche se sont rencontrés plusieurs fois au cours des dernières semaines pour parler fusion. Ensemble, ils ont décidé de prendre le pouls de la population et de lancer avant la fin de l’année un sondage auprès de leurs administrés. A noter que le questionnaire qui sera soumis aux citoyens sera le même pour toutes les communes.
Selon la teneur des premières discussions, cette éventuelle fusion se ferait autour de Courtepin, la plus peuplée des six communes lacoises concernées, et correspondrait, selon toute vraisemblance, aux idées élaborées par le préfet Daniel Lehmann. A noter que, comme tous les autres préfets du canton, le pensionnaire du château de Morat devra rendre à la fin juin sa feuille de route sur les fusions à prévoir dans son fief. Pour l’heure, le préfet ne souhaite donc pas faire de commentaire sur ce premier rapprochement des communes du Haut-Lac.
Commune de 7000 âmes
Si fusion des six papables il y a, cela donnerait naissance à une entité de plus de 7000 habitants. Ce qui en ferait la plus grande commune du district du Lac et la sixième commune du canton de Fribourg après Fribourg, Bulle, Villars-sur-Glâne, Marly et Guin.
L’idée d’un grand mariage à six paraît séduisante sur le papier. Mais selon nos informations, elle ne fait pas encore l’unanimité. Car toute union est un savant dosage d’intérêts qui ne concordent pas toujours selon le moment. Parmi les prétendants, qui est chaud, tiède ou au contraire carrément froid? Tour d’horizon des «fiancés» avec les syndics des six communes.
Les communes chaudes
Dans cette catégorie, on trouve les trois plus petites communes qui comptent entre 450 et 550 habitants. Soit Wallenried, Villarepos et Barberêche. Les syndics des exécutifs invoquent deux raisons en faveur d’une fusion. Premièrement, le manque de candidats pour occuper les postes des exécutifs–à l’image de Barberêche, où trois élus sur cinq ont annoncé récemment leur démission. Et la difficulté croissante d’exister en tant que petite entité, alors que les dossiers et les procédures se complexifient. «Si nous groupons nos forces, nous aurons plus de poids vis-à-vis du canton», estime Doris Roche-Etter, syndique de Wallenried.
«A-t-on vraiment le choix?», questionne pour sa part Michel Bugnon, syndic de Villarepos. «On peut encore tenir une dizaine d’années, mais après, cela deviendra difficile. La population en est aussi consciente que nous.» A Villarepos, une grande fusion dépendra aussi du choix de Misery-Courtion: «Si notre voisine directe n’est pas intéressée, une fusion avec Courtepin n’aurait plus beaucoup de sens pour nous, géographiquement parlant.»
Les tièdes
Courtepin n’est pas demandeur à tout prix, mais pas non plus opposé au principe d’une fusion: «Le conseil communal est tiède à chaud», nuance son syndic Erwin Fuhrer. «Nous attendons le résultat du sondage. Et nous nous laisserons guider par le choix de la population. Si cette dernière dit non, nous nous concentrerons sur le renforcement des collaborations intercommunales. Dans le domaine du feu en premier lieu.»
Pour sa part, Misery-Courtion se dit ouvert à tous les points de vue, et à une fusion, mais plutôt sur le long terme. Et le cœur de la commune balance encore entre la Sarine (Grolley et Belfaux) et le Lac pour un éventuel mariage. «Dans l’immédiat, nous n’avons pas besoin de nous unir à d’autres. Et ce ne sont pas les modestes incitations financières du canton qui feront pencher la balance», résume le syndic Jean-Pierre Martinetti.
La froide
«Nous participons aux discussions, mais nous se sommes pas du tout intéressés pour l’instant par quelque fusion que ce soit», partage Jean-Daniel Pointet, syndic de Cressier. «Financièrement, nous allons très bien et nous n’avons pas de problèmes de recrutement.» De plus, Cressier est déjà lié avec des communes différentes, ce qui ne faciliterait pas une fusion en direction de Courtepin, selon le syndic. Pour la protection civile, elle collabore avec Cormondes, avec Morat pour l’école secondaire et les pompiers, et avec le Haut-Lac pour les forêts et Spitex. Cressier, par peur de perdre son identité francophone, n’envisage pas non plus de fusionner avec une voisine alémanique.