À Essertes, dernière salve d’arguments avant le grand vote
Absorption pour certains, nécessité pour d’autres, le projet sera tranché le 29 novembre.

Les opposants font campagne à coups de menhir. Alors que les populations d’Oron et d’Essertes se prononceront le 29 novembre sur le mariage entre leurs deux communes, quelques Essertois réfractaires ont lancé «Le Menhir», un minijournal local distribué en tous-ménages. Nommé en référence au mégalithe communal et comptant deux numéros, il développe les arguments des anti-fusion, qui préfèrent d’ailleurs parler d’une «absorption par la grande voisine». Pour rappel, l’actuelle Oron est née en 2012 de la fusion de dix communes. À l’époque, Essertes avait décliné, tout comme elle l’avait fait, quelques années plus tôt, pour un projet avec Mézières, Servion, Les Cullayes et Montpreveyres.
Les temps ont changé et la Municipalité est désormais convaincue qu’il faut un rapprochement avec Oron. Dans son sillage, un comité de soutien citoyen s’est également constitué. «Dès le début de cette législature, nous y avons réfléchi, explique l’Exécutif in corpore. Financièrement, nous ne maîtrisons qu’une infime partie de notre budget, nous avons de lourdes charges comme toutes les Communes et pas les moyens de vrais investissements car nous n’avons plus de marge d’autofinancement.» Si la fusion ne se fait pas, la Municipalité évoque une hausse d’impôts d’environ dix points. Au contraire, la convention de fusion prévoit un alignement sur Oron soit une baisse de 71,5 à 69 points. La difficulté à trouver des candidats pour la tâche chronophage de municipal est aussi avancée, sachant que les cinq élus actuels arrêteront en 2021.
«Nous allons perdre une identité et une autonomie sans véritable gain en contrepartie.»
«Nous avons tout de même le sentiment qu’il n’y a pas de vraie nécessité», rétorque Olivier Delacrétaz, opposant et secrétaire du Conseil général. Au nom des réticents, il évoque «des finances qui vont bien, sans dettes», l’héritage des générations précédentes à conserver, ou encore l’importance d’un maillage politique serré qui «met du monde en mouvement au bon niveau». «Il y a 20% de la population au Conseil général et nous allons passer à 5 élus au Conseil communal d’Oron. Les municipaux sont fatigués et c’est normal mais certains citoyens sont prêts à reprendre le flambeau. Nous apprécions Oron avec qui nous avons déjà beaucoup en commun mais nous allons perdre une identité et une autonomie sans véritable gain en contrepartie.»
La Municipalité n’y croit pas: «Depuis peu le Conseil Général est mieux doté, c’est vrai, mais surtout parce qu’on y parle de la fusion. Ils nous trouveront des successeurs mais il faut se rendre compte de ce que ça représente en termes de disponibilité.» Sur la perte d’identité, les cinq élus ne sont pas convaincus non plus. «Un grand nombre de pro-fusion sont natifs d’ici et ont leurs racines dans le village. On ne trahit pas la collectivité, au contraire, on pense à l’avenir de nos enfants et aux possibilités qu’ils auront dans une entité plus solide.»
Si la population des deux communes votera le 29 novembre, l’émotion est logiquement du côté d’Essertes. Le 28 septembre, alors que le Conseil général essertois avait débattu près de deux heures avant d’accepter aux deux tiers la convention de fusion, le Conseil communal d’Oron l’avait plébiscitée en cinq minutes.